Lors de l’Angelus du 31 janvier dernier, le Pape François a annoncé l’institution de la Journée Mondiale des grands-parents et des personnes âgées, le quatrième dimanche du mois de juillet. C’est là l’occasion pour nous de (re)découvrir ce rôle essentiel des grands-parents dans la famille et dans la société : Marie-Claude et Marc Bourgeon, heureux grands-parents de dix petits-enfants, nous font part de leur expérience et de leurs conseils !
Loin du cliché de la grand-mère enrhumée et alitée à qui le Petit Chaperon Rouge apporte un petit pot de beurre ! C’est plutôt l’image de grands-parents actifs et pleins de projets qui correspond à ce que nous vivons aujourd’hui. Nous sommes les heureux parents de cinq enfants et les grands-parents comblés de dix petits-enfants pour l’instant, âgés de 11 ans à 15 mois, tous éloignés géographiquement de notre domicile, mais proches par l’affection.
Des grands-parents émerveillés
La première posture que nous adoptons est celle de l’émerveillement devant la vie donnée. À chacun de nos petits-enfants, nous tenons à susurrer au creux de l’oreille : Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Les mots sont bien imparfaits pour traduire l’attendrissement devant un tout-petit, abandonné et endormi dans nos bras ! Trouver merveilleux, et le dire à sa petite-fille, que ses progrès en patinage nous épatent, dire à son petit-fils que le dessin réalisé avec application nous réjouit, cela embellit le quotidien et renforce la relation d’amour tissée avec les enfants de nos enfants. Contempler via WhatsApp les visages épanouis, respirant la fraîcheur et la joie de vivre de nos chers petits au fil de leurs activités est un vrai ressourcement et même un rajeunissement tant ils nous renvoient à l’époque où nous étions jeunes parents. Nous avons à cœur de communiquer à nos petits-enfants le goût de nous émerveiller en les appelant à puiser à leur tour dans la nature environnante les multiples occasions de se tourner vers le Beau : les fleurs des champs, le chant des oiseaux, les coquillages oubliés par la marée … Savoir s’enthousiasmer s’apprend avec Papi et Mamie.
Extrait de l’Angelus de Pape François, le 31 janvier 2021
Une mission d’accompagnement
Nous tâchons d’exercer une mission d’accompagnement sur les chemins qui mènent à la vie adulte. Cela peut passer de la main tendue ponctuellement pour franchir un passage inondé à la main serrée affectueusement pendant une plus longue promenade durant laquelle des confidences demandent une écoute bienveillante. Câliner, consoler, complimenter, bien sûr, mais aussi oser avec délicatesse et fermeté reprendre, réprimander, inciter à demander pardon. Accompagner nos petits-enfants se décline de nombreuses façons. Telle petite-fille a besoin d’encouragement pour apprendre à perdre dans la bonne humeur alors que la partie de Nain Jaune tourne à son désavantage tandis que son cousin tire un bénéfice à être éveillé en tête-à-tête à la nécessité de s’adresser respectueusement à un de ses proches, quand on l’a surpris à déraper. Une autre, presque comme un cheveu sur la soupe, s’interroge sur ce qui différencie la mort d’un animal de compagnie et celle d’un être humain. L’accompagnement se vit également dans le service rendu auprès de nos enfants, aux jours de déménagement ou de naissance par exemple.
Les grands-parents, un maillon essentiel de transmission
Par ailleurs, en tant que lien entre les générations, nous assurons un rôle de transmission des valeurs. Nous cherchons à favoriser l’unité familiale autant en facilitant les rencontres aux périodes de vacances scolaires que dans notre manière d’évoquer les uns devant les autres, sans prendre parti et souvent en veillant à relativiser les échecs et à renforcer la confiance mutuelle. Notre désir, commun avec celui de nos enfants et beaux-enfants, de transmettre la foi à nos petits-enfants s’exprime dans une invitation à prier au pied de la crèche, à chanter fidèlement le bénédicité avant le repas. Nous avons même complété la prière des époux que nous aimons réciter chaque soir puisque nous disons désormais : apprends-nous, Seigneur, à conduire jusqu’à toi les enfants et petits-enfants que tu nous confies et nous confieras. Nous veillons à transmettre l’attrait de la simplicité à nos petits-enfants. Entendre le crépitement du feu de cheminée, voir les flammes vaciller, ne vaut-il pas mieux que les loisirs plus artificiels ? Transmetteurs, il nous arrive de l’être en montrant à l’un comment allumer le feu, à l’autre comment confectionner du pain ou en partageant divers savoir-faire, reçus souvent de nos aînés.
Nous croyons que le bonheur des grands-parents s’enracine dans la gratitude et l’humilité. Nous pouvons savourer les moments de présence et nous mettre en disposition de recevoir comme un cadeau ce qui nous est donné au lieu de mendier des attentions. Nous devons accepter que nous sommes des repères modestes, quoique sécurisants, et non les éducateurs de nos chers petits-enfants.
Étant donné que nous avons davantage de temps libre depuis que nos enfants ont quitté le nid et que la maison respire habituellement le calme, nous nous efforçons de cultiver la joie du mariage dans l’ordinaire d’une vie à deux, enrichie de dialogue et de tendresse sous le regard de Dieu. Ces journées rythment notre foyer et nous préparent à la disponibilité requise à l’heure des retrouvailles avec nos petits-enfants.
Marie-Claude et Marc